Deux comédiens de Bruxelles sont embauchés dans le sud de la France pour une reconstitution historique qui met en scène un « Arbre de Mai » . Mais la reconstitution dégénère. L’attaché culturel du village se met à y croire clairement trop et, emporté dans son délire, les villageois perdent eux aussi lentement le sens des réalités. Chacun ne se concentre alors plus que sur sa propre vision du réel, s’exaltant de sa compréhension du monde, comme si soudain l’altérité n’avait plus aucune réalité. Dans ce chaos, les deux comédiens se réfugient auprès d’une jeune femme qui semble la seule à avoir gardé un peu la raison. En discutant, ils comprennent qu’elle prétend être  capable de lire dans les pensées des autres, et ce malgré plusieurs échecs quand elle essaye de leur prouver. Peu importe, elle reste pour eux le meilleur refuge. Plus elle parle, plus l’un des deux comédiens se rend compte qu’ils se connaissent d’il y a longtemps. Petit, quand ses parents l’emmenaient en vacances dans le coin, il jouait à être empereur avec les enfants du village. Il leur donnait des ordres et eux les exécutaient. Et elle faisait partie de ces enfants. C’est alors le début d’une confrontation de souvenirs, de points de vue, de blessures et de cicatrices… de récits personnels qui se confrontent. Et se met en place un tribunal improvisé, où tous les trois cherchent le meilleur moyen de trouver un sentiment de justice et d’apaisement. Dans ce tribunal sans cour, ils révèlent leurs fantômes, leur passé. Et en se confrontant, en s’exposant, ils retrouvent peu à peu un sentiment de liberté.

Jean Le Peltier