Débarrassé des costumes et des décors, le spectacle à la mécanique huilée et aux postures sauvages est survitaminé. Inspiré mais éloigné de l’expérience menée par Antoine Vitez en 1978, il réinvente, pour aujourd’hui, avec le même allant, le même désir utopique, la puissance d’une forme scénique inédite. Molière y trouve une jouvence ravageuse. On rit des désirs et des passions des hommes, de leur hypocrisie et de leur méchanceté. La distribution faite par tirage au sort ne tient pas compte des sexes, ni des âges, des personnages principaux ou secondaires. Les conditions d’une égalité de tous devant Molière sont ainsi posées. Ce sont les Molière de tout le monde. La spontanéité et la vivacité urgente du jeu des comédiens est d’une fraîcheur vibrante, d’une dynamique fiévreuse.
Pas d’ambition de produire un discours inédit avec ces pièces de Molière mais plutôt de les réactiver. L’enchaînement des quatre pièces majeures de Poquelin dans l’ordre d’écriture est un marathon réjouissant où se tissent des liens inédits entre les pièces, les personnages, les obsessions de l’auteur. Un théâtre brut résolument vivant dont le succès a été grandement salué.

Pourquoi ce titre Les Molière de Vitez ?
« Antoine Vitez a monté simultanément à la fin des années soixante-dix, quatre pièces de Molière : L’École des Femmes, Tartuffe, Dom Juan, et Le Misanthrope, avec une même troupe de jeunes acteurs issus du conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. J’ai voulu reproduire son expérience près de quarante ans plus tard avec une promotion de jeunes acteurs issus du conservatoire régional d’art dramatique de Lyon. Voilà pourquoi j’ai appelé cet ensemble de quatre spectacles Les Molière de Vitez. »
Gwenaël Morin

« Le marathon réjouit entièrement, l’énergie des acteurs étant contagieuse, quelle que soit la réussite de chaque spectacle pris individuellement, tant le dispositif oblige à changer de regard, le lave, et incite à tout penser en termes de mouvement plutôt que d’achèvement. »
Anne Diatkine. Libération

« La vérité de Molière éclate comme on l’a rarement vue, avec une santé, un peps, un sens de la farce qui appartiennent à la jeunesse, mais ne peuvent se libérer que sous la houlette d’un grand directeur d’acteurs. Le secret de ces Molière, c’est le jeu, à tous les sens du terme, et dans tous ses états : un jeu absolument jouissif, qui fait rendre à ces quatre comédies leur jus jusqu’à la dernière goutte. (...) Il faut donc courir toutes affaires cessantes pour ces Molière surtout avec de jeunes spectateurs qui – quelle drôle d’idée – oseraient penser que le théâtre est un art dépassé, pour voir l’effet que peut produire sur le public un Molière décrassé de toute poussière patrimoniale. »
Fabienne Darge. Le Monde